Article – L’action des drogues sur le cerveau

L’action des drogues sur le cerveau

Les drogues agissent sur le cerveau, perturbant ses circuits de communication. Au-delà des effets des drogues, c’est le processus de l’addiction qui est au cœur des études. Neurobiologistes, généticiens, psychiatres, pharmacologues et psychanalystes rapprochent de plus en plus leurs positions. La série de films documentaires « drogues et cerveau » [1], met en commun le savoir des professionnels, dans une approche pluridisciplinaire.

Dans les phénomènes de dépendance physique, les scientifiques voient des propriétés hédoniques, c’est-à-dire que les sujets prennent plaisir à recommencer. Ils pensent, de même, que certaines personnes seraient constitutivement incapables de résister aux drogues et au plaisir qu’elles engendrent en raison d’une hyper-dopaminergie.

La dopamine est une substance chimique essentiellement produite par les neurones de deux structures cérébrales : l’aire tegmentale ventrale et la substance noire. La première intervient sur le «circuit de récompense», alors que la deuxième participe au contrôle de la motricité. Par exemple la maladie de Parkinson est due à la dégénérescence de cette dernière. La dopamine intervient aussi dans d’autres fonctions telles que la mémoire de travail, la focalisation de l’attention, etc.

Deux chercheurs, J. Olds et P. Milner [2], avaient montré que si l’on place une électrode dans certaines zones précises du cerveau d’un rat, l’animal apprend à appuyer sur une pédale qui, en fermant un circuit électrique, stimule la zone implantée. Le rat s’auto-stimule ainsi de manière continue. A un tel point que si on lui donne le choix entre cette pédale et une autre qui délivre de la nourriture, il choisit la stimulation électrique et s’impose un jeûne qui le conduira à la mort. Olds a alors défini un « circuit de la récompense », incluant les zones cérébrales sensibles à ce type de stimulation. Les deux régions les plus réactives sont l’hypothalamus, qui régule des fonctions comme la faim, la soif ou la sexualité, et l’aire tegmentale ventrale, principale source de dopamine.

Les neurobiologistes [3] posent la question de savoir si l’homme serait gouverné par son cerveau.

Ils y répondent en expliquant que la chimie du cerveau se fait par un équilibre subtil, – capable d’influencer tous nos comportements face aux drogues en particulier. Car le circuit du plaisir (la dopamine) sur lequel repose nos instincts, conditionne le cerveau à céder aux drogues.

En étudiants les sujets dépendants, les neurobiologistes concluent que certaines capacités cognitives sont altérées chez les sujets dépendants, à savoir la capacité d’attendre le plaisir. Ces sujets ne pourraient supporter qu’une gratification immédiate, car une consommation répétée de drogue modifie ce «circuit cérébral de la récompense».

Il est désormais établi que tous les produits qui déclenchent la dépendance chez l’homme augmentent la libération d’un neuromédiateur, la dopamine, dans une zone précise du cerveau.

Certains signaux de l’environnement activent la libération de dopamine et déclenchent alors la recherche de la récompense. Les drogues ont répondu aux critères de ces signaux.

On parle alors de sensibilisation comportementale, ou encore de tolérance inverse.

La drogue paraît donc, avant tout, mettre en relief l’environnement associé à la récompense.

[1] « Drogues et cerveau », Arte, Octobre 2005

[2] J. Olds et P. Milner, de l’université Concordia à Montréal, se sont intéressés à des expériences pionnières faites dans les années 1950

[3] « Drogues et cerveau », Arte, Octobre 2005